Grande joie de te revoir !
En même temps comme je ne viens pas chaque semaine, je suis habitué à ces intervalles pendant lesquels nous vivons chacun ce que nous avons à vivre, séparément.
Là est je pense l’enjeu de ce qui se passe sur un plan beaucoup plus large que nous.
Nous les hommes avons besoin de comprendre, de contrôler, de planifier, et nous nous sommes retrouvés sur un autre plan non prévu celui là. Mais c’est justement dans ce vide qu’il y a du plein de possibles à venir.
Je sens que nous sommes à la fois petits et grands.
Ce qui peut paraître paradoxal ne l’est pas pour moi, car je suis un tout et non plusieurs morceaux séparés.
Parfois, si je me coupe de moi même en me laissant happer par des peurs qui vont au-delà de moi, je ne suis plus le centre intérieur de ma vie et ces agitations quand elles arrivent m’incitent à revenir à mon cœur et à mon centre, bien plus large que tous les petits bouts de moi.
J’ai l’image d’un immense ballon qui serait la terre, et plein de petits ballons colorés qui gravitent autour d’elle comme une force de protection, de bouclier et aussi de légèreté car les ballons auxquels je fais allusion sont des ballons de baudruche. S’ils éclatent ça fait du bruit mais il est toujours possible de regonfler et de partir vers de nouvelles aventures.
Je respire mieux.
Nous étions en train d’évoquer des ballons qui se gonflent avec de l’air alors moi aussi je gonfle mes poumons d’air.
J’écris cet air avec une autre orthographe, celle d’une aire, une surface que chacun peut définir en fonction de ses besoins. Ce que j’aimerais, mon rêve, serait que chaque personne ait une aire à elle, un espace propre, peu importe sa taille mais un espace dans lequel elle serait libre de planter, libre de circuler, libre d’inviter l’un ou l’autre.
Un bout de toit pour faciliter le toi et le moi, un bout de nourriture pour continuer à grandir et à respirer, un but de travail pour que les mains et l’esprit contribuent à la création du monde.
Il y a plusieurs temps, plusieurs ères, et il me semble que nous sommes dans une transition qui peut nous laisser soit transis de peur , de froid et de faim, ou bien une transition qui nous permette de laisser chanter notre transistor, unique territoire chantant pour s’ unir aussi à d’autres chants, et d’autres champs…
Je reviens sur le mot de transition en y ajoutant le mot transit : pouvoir transiter d’un pays à l’autre et pourquoi pas quand c’est possible s’y arrêter un temps, ou tout le temps.
Je mesure que la libre circulation des choses a été ces dernières décennies plus importante que la libre circulation des gens, et j’aimerais qu’on mette l’homme au cœur du monde. Que chacun ait une place, sa place, pas celle du voisin mais la sienne, et que nous nous regardions non pas comme des ennemis mais comme des amis qui ont à s’apprendre et s’encourager à se déployer avec chacun ses talents uniques.
Que chacun puisse revêtir sa propre tunique, qu’elle soit unie ou colorée, blanche ou noire, bariolée ou striée …
C’est notre richesse de nous accueillir dans nos différences et dans notre désir commun d’œuvrer ensemble.
Moi qui ne me déplace pas tout seul autant que vous tous, je circule davantage à l’intérieur de moi. Ce qui pourrait sembler de l’extérieur un enfermement ne l’est pas pour moi, car personne ne pourra jamais m’enlever ma libre pensée et mon libre cœur.
Comme un livre à ciel ouvert sur cette terre qui me porte, et sur laquelle je cherche et me tiens debout, comme un arbre qui trouve en lui et avec les autres arbres la capacité de se redresser, je chercher toujours la lumière, l’oxygène pour continuer à respirer et grandir.
J’ai commencé la séance du jour avec cette notion d’air, de respiration.
Puissions nous être un en esprit avec la terre pour être un nous, ce qui ne veut pas dire faire tous la même chose, mais être à l’unisson de ce cœur qui bat et qui part des entrailles.
A nous de prendre notre responsabilité pour contribuer à ce que dans les failles terrestres et humaines, la lumière continue de passer, plus forte que les ombres.
Clémence porte bien son nom car elle est douce, avec un caractère qui sait aussi être ferme et déterminé quand il y a du sens pour elle, pour s’investir et s’impliquer.
Je suis heureux pour elle car je savais bien qu’elle avait désir d’expérimenter dans sa vie la maternité. C’est le moment de se resituer à une autre phase de sa vie, non pas comme une fin mais bien comme une faim et une soif d’autre chose ici bas.
Que ce temps béni lui apporte joie et sérénité en dépit des contraintes extérieures !