Je suis content de te revoir. Ça cause ça cause, mais moi aussi j’ai à défendre ma cause !
Je blague en disant cela mais je suis en même temps sérieux. Tu me connais suffisamment maintenant pour savoir que je n’aime pas rester à la surface des choses, mais bien y aller en profondeur.
Parfois j’ai l’image de moi avec un scaphandre qui me permet d’aller explorer le fond des abysses, là ou il fait souvent noir mais où peuvent aussi pointer quelques rayons de lumières entre les failles.
Je cherche la lumière, et quand c’est trop sombre je remonte et reprends ma respiration.
Le monde dans lequel nous sommes est plongé dans un chaos, comme si nous avions des choix existentiels à faire, entre lâcher trop de matérialisme et de consumérisme, et appréhender une réalité autrement… à savoir en y apportant une dimension transcendantale, d’ou l’invitation à plonger à l’intérieur de nous-mêmes pour regarder ce qui s’ y passe et faire de vrais choix sincères.
En vérité je suis conscient qu’en ce moment il y a tout et son contraire, et que c’est difficile de rester dans son axe.
Le mien est clair : je suis debout, je pense, je réfléchis, et j’essaie d’apporter du recul là ou il n’y en a pas, de rendre plus clair ce qui est voilé, et de sortir de l’absurdité en ouvrant de nouveaux yeux et de nouvelles oreilles, à l’écoute de notre monde qui gémit dans des douleurs d’enfantement.
Je n’ai pas porté d’enfant ni accouché, mais maman est bien placée pour savoir que douleur et joie profonde peuvent cohabiter. C’est un sacré travail, et un processus sacré.
Je suis bien parti, et sans prendre personne à partie je trouve quand même qu’en ce moment il y a du trop et de l’excès en tout, ce qui nous fait parfois oublier qui nous sommes dans notre nature profonde et d’où nous venons.
Je réfute l’idée de croire que l’homme est dieu.
Je pense que je suis un être d’abord spirituel, venu expérimenter ce que ça fait d’être incarné en chair et en os.
Je n’oublie pas d’où je viens. Je séjourne, j’habite sur cette terre, je suis un voyageur de passage mais j’imprime mon passage de tout mon être entier dans sa globalité.
Un passage. Je sens que les cloches ont accompagné Mamie dans ce passage, passage de la mort à la vie autrement, une vie de lumière et de plein amour encore plus vaste, encore plus grand.
Je sens toujours que Mamie m’habite, sans que je la voie. Nous restons complices et pouvons faire complies, vous savez ces moments de prière des religieux où chaque jour il y a un rendez vous avec Dieu.
Et bien disons qu’en mon for intérieur je continue à parler avec elle, elle m’avise comme je l’avise et je lui rends hommage, car c’était et c’est toujours un être merveilleux.
Je me sens relié car pour moi les morts, les vivants, pas de frontière, dans la mesure où je sais que notre vie terrestre a une fin et qu’en même temps notre vie spirituelle est infinie.
C’est pourquoi j aimerais inviter le monde, les gens, à se retourner et à revenir vers ce Créateur dont tant se sont coupés, et se sont fermés à cette dimension qui nous dépasse, mais qui nous aide à mieux vivre les étapes, les deuils et les passages que nous expérimentons tous dans nos vies ici et maintenant.
Nous sommes dans une période à la fois sombre et chaotique, prémices je l’espère d’un monde plus réconcilié, plus uni et plus juste dans une recherche d’équilibre, un ajustement créateur, à commencer et recommencer à l’ infini.
Rien n’est jamais acquis, seul le présent et l’instant sont à goûter et à savourer. Quand il y a moins de saveur, moins d’odeur, moins de goût, reste le souffle de la vie, et de l’esprit qui redonne vie quand la vie s’en va.
Vivre et non survivre, c’est là que nous sommes invités à lâcher le superflu, l’extérieur, le résultat, le produire à tout prix, pour revenir à des choses plus simples et plus réelles, comme être en lien et en relation, être inventifs, trouver de nouvelles manières de vivre ensemble sur notre planète terre qui souffre de nos excès.
Revenons à la raison, mais une raison qui résonne de nos créations vivantes et porteuses d’espérance, de sens et de bon sens.
Parfois j’aimerais ne pas visionner et voir autant car c’est douloureux de capter les souffrances de la terre, je suis triste avec elle lorsque les hommes n’en prennent pas soin. En peu de temps il y a eu beaucoup de destruction et ça me fait mal.
Alors oui, pour ne pas rester dans ces douleurs là, chausser des lunettes et mettre quelques filtres pour diminuer l’intensité de ce que je capte. C’est un cri que je lance comme une bouée à la mer, sera-t-il entendu ce cri ?